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Combat de Parigné-L'Evêque

Le 10 janvier 1871. Les hommes de la 1. et 4. Kompagnie de l'Infanterie-Regiment 48, en position pour la nuit au nord de Parigné, sont tirés de leur engourdissement, au milieu de la nuit, du froid, du gel et de la neige, par le son lointain de chariots et de chevaux s'avançant progressivement dans leur direction. Très vite, les patrouilles de Uhlans leur confirme le mouvement de fortes troupes françaises. C'est la 2e Brigade du général Pereira qui profite de la nuit pour s'avancer et s'établir à Parigné L'Evêque. Leur objectif: tenir assez longtemps pour permettre à d'autres troupes françaises de se replier en sécurité. Le jour va bientôt se lever, et le combat pour Parigné commencer.

Au contraire de nombreux autres combats autours du Mans, l'artillerie sera grandement utilisée lors de la bataille de Parigné.

Le 9 au soir, le maire de Parigné note l’avance des allemands : ils s’emparent du coteau nord du village. Des cavaliers s’avancent vers le bourg, certains y entrent même se servir en tabac et en eau de vie ! Ces derniers font partie des Brandebourgeois de l’Infanterie-Regiment 48, de la 9. Brigade. Son objectif : Changé, plus au nord. En fin de journée, ils établissent donc leurs positions le long de la route de Changé : le 1er bataillon est directement au nord de Parigné, autours du bois de Loudon, le 2e bataillon et le Fusilier-Bataillon se trouvent eux au nord-est. En arrière, derrière la rivière du Narais, se trouve le Grenadier Regiment 8, lui aussi du Brandebourg.

Carte du combat de Parigné, en Sarthe, le matin
Position des troupes allemandes dans la nuit du 9 au 10 janvier.
 
Le 9 également, devant l’avance allemande, le général Chanzy demande à la colonne Jouffroy, qui avait été envoyé en avant pour contre-attaquer et perturber l’avance ennemie vers Le Mans, de rentrer dans les lignes et de faire retraite sur Le Mans par Parigné-l’Évêque. Afin de couvrir ce mouvement de retraite, Chanzy envoie le lieutenant-colonel Pereira et sa 2e brigade de la 1ere division, composée du 39e de ligne, du 75e mobiles et de la 1ere Légion du Maine-et-Loire.

Le combat de Parigné est donc un combat d'arrière-garde afin de protéger des troupes françaises et leur laisser le temps d'intégrer le dispositif défensif autours du Mans.

Le Combat de Parigné-l’Évêque

Le 10 au matin, vers 4h, 5 compagnies du 39e de marche arrivent et se positionnent à Parigné : trois en contrebas du village et vers le hameau des Laires, deux autres près de la mairie. Vers 8h arrivent le reste de la colonne : le 3e bataillon de chasseurs à pied, dont deux compagnies de zouaves, ce qu’il restait du 39e de marche et du 75e mobiles; la légion des mobilisés de Maine-et-Loire, une batterie de 5 mitrailleuses (19e batterie du 10e régiment, capitaine Delahaye), et une batterie canons de 4 (24e batterie du 15e régiment, capitaine Dedouvres). L’arrivée aura été retardé par les conditions météorologiques : une vingtaine de centimètre de neige, et sur la route principale, le passage répété des troupes l’a transformé en vrai patinoire.

Les troupes allemandes pâtissent aussi du mauvais temps. Leurs unités d’artilleries et de cavaleries doivent mettre pied à terre pour guider leurs montures. Le 1er bataillon du Infanterie-Regiment 48 se retrouve directement engagé contre les troupes françaises, particulière la 4. Kompagnie. L’attaque surprend les brandebourgeois alors que le reste du régiment se formait plus en arrière pour une marche vers Changé.

Le 3e chasseur et le 75e mobiles se forme en tirailleur et repoussent les allemands vers le bois de Loudon et le village des Guettes. Le 1er bataillon du 75e mobiles se positionne pour protéger l’artillerie qui s’installe dans le village de façon à balayer la route de Changé. Le 2e se déploie parallèlement à la route en tirailleur, épaulé par le 3e en réserve. A gauche du 75e, la 1ère légion de mobilisés du Maine-et-Loire prend position dans les fossés bordant la route. Le déploiement est aidé des habitants de Parigné qui tentent de recouvrir la route verglacée de sable et de fumier. Le tableau est ainsi posé pour le reste des combats.

Mouvement des troupes dans la mâtinée. Une partie de l'Infanterie-Regiment 48 se retrouve dangereusement isolé par l'attaque française.

La situation du 1er bataillon de l’Infanterie-Regiment 48 est précaire. Les français sont nombreux et le feu est violent. L’attaque du 75e et des chasseurs a permis d’isoler le 1er bataillon du reste de son régiment. Le 2e bataillon est alors envoyé pour rétablir la situation et prendre contact avec le 1er. Ses 4 compagnies se dirigent vers les hameaux de Corps levé et des Clos. Mais la pression française est forte. C’est entre le village des Guettes et la ferme des Clos que les combats sont les plus rudes. Le feu des tirailleurs des deux côtés est violent. Les fossés des champs environnants sont utilisés comme couvert. On enchaîne attaque et contre-attaque pour tenter de prendre le contrôle des bâtiments. La contre-attaque allemande du 2e bataillon se retrouve bloquée au sud-est du bois de Loudon, sous le feu, peu précis, des mitrailleuses françaises tirant depuis Parigné. Le 75e mobiles voit le Capitaine Odon de Mekenheim mortellement blessé dans ces combats. Coté allemand, le lieutenant de réserve Passow est également tué.

La contre-attaque du 2e bataillon de l’Infanterie-Regiment 48 a néanmoins permis de stabiliser cette partie du front, mais la situation reste préoccupante. Deux compagnies du Fusilier-Bataillon 48 sont envoyées vers La Grenouillère pour tenter de flanquer les français. Après une intense fusillade, les allemands s’avancent depuis le nord et l’est vers Les Clos, traversant les haies, puis, sous les « Hourrah », chargent la ferme. Les français doivent se retirer. L’Infanterie-Regiment 48 peut alors rentrer en contact avec le 1er bataillon. Ils mettent également une batterie de canons lourds en position, à l’est de la ferme des Villes. La situation s’améliore pour les brandebourgeois.

Dans Parigné, les pièces de 4 françaises tentent de contrebattre l’artillerie ennemie. Les mitrailleuses ouvrent le feu sur les tirailleurs allemands au nord-est de Parigné et les tiennent en respect. Mais le bombardement commence à s’intensifier, les obus tombent dans le village, forçant nombre d’habitants à se réfugier dans des caves ou à s’enfuir.

Vers 11h, une colonne de la division Jouffroy arrive depuis le sud. Pereira pense que toute la colonne suit, mais en réalité, seul le 70e mobiles arrive sur Parigné. Le reste de la division, formée du 45e de marche et du 1er bataillon de chasseur a évité le secteur de crainte d’une pression prussienne trop importante et retraite sur Le Mans par Mulsanne. Pereira ordonne néanmoins à un bataillon du 70e de venir épauler les tirailleurs en avant de l’artillerie et de surveiller les routes de Montfort et de Challes.

Arrivée des renforts de chaque côté.

Ces renforts bienvenues arrivent alors qu’au même moment, le commandant de la 9. Brigade décide d’envoyer une partie de ses troupes vers Parigné même. Le 2e bataillon du Leib-Grenadier 8, 3 compagnies de chasseurs et une batterie d’artillerie légère entrent en action. Quatre canons légers se placent à l’ouest de la ferme de la Héraudière, tandis que l’infanterie pousse à moins de 200 mètres de l’entrée nord-est de Parigné. 

Face à cette situation, la 10. Brigade qui s’était avancé à Challes reçoit l’ordre de venir soutenir la 9. Brigade à Parigné. Après 11h, les premières unités du Infanterie Regiment 12, suivi du Infanterie Regiment 52 arrivent depuis l’est, vers les Blinières. Une nouvelle batterie d’artillerie est mise en place.
Vers 12h, la pression prussienne augmente, l’artillerie redouble d’effort. Notamment sur le flanc gauche français, pour tenter de couper toute retraite vers Le Mans.

Mitrailleuse française en action.

Vers 13h, le commandement allemand décide de prendre Parigné. La ville est sur une hauteur, il faut gravir les chemins enneigés en pente depuis la vallée pour atteindre les premières maisons. Le Fusilier-Bataillon et le 1er Bataillon de l’Infanterie-Regiment 12 sont lancés à l’assaut, suivi des chasseurs et du Fusiliers-Bataillon 48. Au cri de « Hurrah Brandeburg » et au son des tambours, les compagnies allemandes chargent vers Parigné depuis le hameau de Corpslevé. Mais les français ont établi des barricades en travers des rues. Tandis que des allemands les prennent d’assaut, d’autres s’engouffrent dans les premières maisons pour en déloger les hommes du 39e et du 70e. La situation devient confuse alors que des combats de rues commencent. Les troupes allemandes arrivent jusqu’aux environs de l’église, et y découvre les batteries d’artillerie et les mitrailleuses. Les tirs fusent, certains chevaux du train et quelques artilleurs s’effondrent. L’attaque du Fusiliers-Bataillon 12 est couverte par l’attaque du Fusiliers-Bataillon 52 depuis les environs de Clémarteau. Un combat urbain violent s’engage. Débordée, la défense française s’effondre. Les mitrailleuses françaises tombent aux mains des allemands tandis que les artilleurs et une partie des défenseurs se replient en désordre vers la chaussée du Mans.

Mais Pereira, décidé à tenter l’impossible, rallie deux compagnies de réserve du 39e ainsi que des mobiles du 75e et des artilleurs et lancent alors une contre-attaque. Il permet de sauver 4 des 5 mitrailleuses, la dernière ayant eu son attelage tué. Mais la confusion est générale, le 70e perd le sous-lieutenant De Beauregard, tué, un autre officier est battu à mort à coups de crosses. Le chef de bataillon Guiraudiès a le bras droit traversé par une balle. Les capitaines des batteries d’artillerie et des mitrailleuses sont blessés.

Alors que Parigné est pris d’assaut, le 2e bataillon de l’Infanterie-Regiment 48 décide de pousser vers l’ouest, pour atteindre la chaussée du Mans et repousser les français. Certaines compagnies allemandes n’hésitent pas à charger les lignes françaises, haies après haies. Près de La Renaudière, les allemands arrivent à capturer plus d’une centaine de français avec leur officier. Peut-être le chef de bataillon Bounhoure du 1er bataillon de la 1ère légion du Maine-et-Loire qui, blessé lors de son déploiement, avait décidé de quitter ses positions et de charger avec deux de ses compagnies une maison derrière laquelle des allemands auraient été retranché. Mais, selon les hommes du 75e, il se retrouve soudainement pris entre le feu ennemi et celui des tirailleurs du 75e mobiles, qui pour éviter les tirs fratricides, suspendent leur feu. Bounhoure et une centaine d’hommes sont faits prisonniers.



La position n’est plus tenable et la retraite s’amorce dans la plus totale confusion. Le 70e retraite vers Brette et Teloché. Ceux des défenseurs qui se trouvaient retranchés dans les maisons sont capturés, dont une dizaine d’officiers. Le 75e reflue vers Ruaudin. Les allemands pillent Parigné puis vers 15h continuent leur avance vers Changé. Le combat de Parigné est terminé.


Bilan humain 

Les pertes sont discutées plus en détail dans un article dédié ici.



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