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L'affaire du prêtre constitutionnel de Combrée

Parmi tout les troubles qui agitèrent le Haut-Anjou pendant la période révolutionnaire, on peut citer les abus de certains prêtres constitutionnels. Déjà peu appréciés par la population, notamment les "intrus" qui remplacent les prêtres "réfractaires" en exil ou déportés, certains font parler d'eux dans le pays, et pas en bien. En voici quelques exemples.

Dubois, prêtre constitutionnel de La Chapelle-sur-Oudon en remplacement de René Forget, eut un enfant de sa servante.

Collas, prêtre constitutionnel de Saint-Gemmes et ancien aumônier du Régiment Royal-Cravate, eut un enfant de sa domestique et, avec l'aide de gardes nationaux, tua un dénommé Gânier (Gasnier?) de la commune de Saint-Gemmes, fils du métayer de la Chétardière, qui était revenu de la "Grande Armée".

Et puis, il y eu l’affaire de Combrée, comme expliquée dans les Notes particulières [...] pendant la guerre des Chouans, de Arthur Du Chêne : 
Dans les derniers jours de juin 1792, M. Veillon de la Deniolaie, venant de Challain, retournait chez lui ; il rencontra à mi-chemin, vers la Croix-Couverte, le curé intrus, M. Pons, déjà depuis un an dans cette paroisse, accompagné de Cellier, son domestique. Ils cheminaient, quand une discussion très vive s'éleva : — Sacrédié d'intrus, fit M. de la Deniolaie. Pons, furieux, s'arma aussitôt d'un sabre, caché sous sa soutane, et blessa grièvement à l'épaule M. de la Deniolaie, qui, transporté chez lui, y mourut quelques jours après. Veilion de la Deniolaie, d'après les registres d'état-civil, fut inhumé au Tremblay, le 1er juillet 1792, à l'âge de 51 ans. Le curé de Combrée, affirmait le père Guérin, était un ancien aumônier de troupes. Avant ce meurtre, qui excita dans le pays une horreur profonde, quelques personnes de Combrée allaient à la messe de l'intrus, mais dès lors tout le monde s'éloigna de lui et il ne tarda pas à quitter le pays. — Un autre vieillard du Tremblay, Trillot, métayer à la Chapellière, donnait à M. l'abbé Pineau les mêmes détails sur le meurtre, qu'il attribuait, il est vrai, à l'intrus de Noëllet. Sa mère, veuve d'un chouan, chantait à la veillée une complainte contre ce « monsieur de l'Église » qui avait assassiné M. Veilion de la Deniolaie.

Nul doute que ces abus, qui s'ajoutèrent à d'autres tensions et violences dans ce début de décennie 1790, contribuèrent à faire passer certains habitants du Haut-Anjou dans les rangs de la Chouannerie.

Inhumation de M. Veillon, sieur de la Deniolaie. Extrait du registre d'état-civil du Tremblay.

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