3 octobre 1914, Courcelles-le-Comte. Il est un peu plus de 4h du matin quand les hommes du 16e Régiment d'Infanterie Territoriale (16e RIT) commencent à rejoindre leurs positions de combats. Ils les occupent depuis le 28 septembre, et depuis 4 jours, les obus tombent sur le villages et les positions françaises. Les allemands comptent bien reprendre Courcelles.
Dans les positions retranchées, parmi les défenseurs du village, presque anonyme, se trouve le caporal Louis Volant ...
La bataille de la Marne est terminée. Les allemands ont été repoussés, mais les alliés buttent sur leurs nouvelles positions le long de l'Aisne. La guerre de position et de tranchées débute, mais chaque camps souhaite prendre l'ennemi sur son flanc. C'est la « course à la mer ». Dans cette course, même un village comme Courcelles-le-Comte peut se révéler une position stratégique.
Le 28 septembre, la localité avait été attaqué notamment par le 27e Régiment de Dragon. Celui-ci avait reçu l'ordre, à 10h, d'enlever coûte que coûte Courcelles-le-Comte. Après une avance sous le feu de l'artillerie qui « tape juste », il reste 200 mètres à découvert à parcourir. Les hommes ouvrent le feu. Les allemands répondent faiblement. Le colonel Millard donne l'ordre d'en avant, entendu par seulement une partie de ses hommes ! L'avance n'est pas nette, mais le feu allemand reste faible. Les dragons ont couvert la moitié de la distance quand, d'un seul coup, une mitrailleuse ouvre un feu des plus intenses. Les hommes se « jettent précipitamment à plein ventre dans les betteraves ». Impossible de continuer l'avancée. Les groupes qui peuvent s'extraire de cette situation le font, mais 29 ne reviennent pas, dont le colonel Millard, tous probablement fait prisonniers. Le 27e dragon a perdu 58 hommes !
L'attaque sera renouvelée à 15h30, en avançant des forces combinées de cavaliers et de cyclistes depuis l'ouest, le nord-ouest et le sud-ouest. L'artillerie fait un feu efficace sur les positions de mitrailleuses. Les allemands abandonnent Courcelles. Les cavaliers français tiennent le terrain. À 17h, le 16e RIT s'y installe.
Des postes de combat sont créés le long de la ligne de chemin de fer, et on commence à construire des retranchements. Mais l'artillerie allemande entre en action et bombarde dés le lendemain le village et ses abords. Les premiers blessés sont à déplorer.
Peut-être pire que l'artillerie pour les hommes du 16e RIT, sont le recul et les hésitations des troupes amies aux alentours. Le 30, alors qu'elle devait capturer Ervilliers, la cavalerie française doit évacuer Hamelincourt et Moyenneville : tout le flanc nord de Courcelles est maintenant en danger, et on doit étendre les postes de combat pour faire face à cet éventuel nouveau front. L'artillerie redouble d'intensité le lendemain : on distribue des munitions, les entrées du villages sont toutes barricadées hermétiquement, les feux sont interdits et on cache les cuisines. Enfin, dans l'attente angoissante d'une attaque allemande, on demande à se tenir prêt à les recevoir à la baïonnette !
Après 4 jours de bombardement, ayant vu les troupes amies reculer au nord, puis au sud, le moral devient très mauvais. On demande d'urgence à ce que le 2e bataillon, jusque là en réserve, s'avance pour renforcer les défenses. Les rapports sont sans équivoques : « Si Ervillers et Gomiécourt ne sont pas bientôt occupés par les troupes du 10e Corps, il est à craindre que les troupes de Courcelles ne puissent résister. »
Au petit-matin du 3 octobre, alors que les hommes ont juste rejoint leurs positions, les allemands recommencent le bombardement. Grâce à l'arrivée du 2e bataillon en renfort, l'ensemble du 16e RIT se trouve désormais autours de Courcelles-le-Comte. À 8h, une violente fusillade éclate le long des positions françaises, sur la ligne de chemin de fer. Le 1. Garde-Regiment allemand vient de se lancer à l'assaut. Les français commencent à perdre du terrain. Le sous-lieutenant Vaillant tente une contre-attaque pour reprendre la voie ferrée, mais en vain. À 9h30, la 7e compagnie qui tenait la voie de chemin de fer directement à l'est de Courcelles doit définitivement se retirer. Voyant les allemands progresser sur leur flanc gauche, et n'étant plus couvert sur le flanc droit depuis le repli du 14 RIT du Bois de Logeast, la 5e et 6e compagnie retraitent vers les tranchés en bordure du village. Le bombardement et la fusillade est si intense qu'il devient vite impossible de quitter les positions retranchées. Les allemands arrivent aux lisières de Courcelles depuis le nord-est, l'est et le sud-est.
Dans les positions retranchées, parmi les défenseurs du village, presque anonyme, se trouve le caporal Louis Volant ...
Scène de combat en 1914 (Tiré de l'ouvrage "En plein feu"). |
La bataille de la Marne est terminée. Les allemands ont été repoussés, mais les alliés buttent sur leurs nouvelles positions le long de l'Aisne. La guerre de position et de tranchées débute, mais chaque camps souhaite prendre l'ennemi sur son flanc. C'est la « course à la mer ». Dans cette course, même un village comme Courcelles-le-Comte peut se révéler une position stratégique.
Le 28 septembre, la localité avait été attaqué notamment par le 27e Régiment de Dragon. Celui-ci avait reçu l'ordre, à 10h, d'enlever coûte que coûte Courcelles-le-Comte. Après une avance sous le feu de l'artillerie qui « tape juste », il reste 200 mètres à découvert à parcourir. Les hommes ouvrent le feu. Les allemands répondent faiblement. Le colonel Millard donne l'ordre d'en avant, entendu par seulement une partie de ses hommes ! L'avance n'est pas nette, mais le feu allemand reste faible. Les dragons ont couvert la moitié de la distance quand, d'un seul coup, une mitrailleuse ouvre un feu des plus intenses. Les hommes se « jettent précipitamment à plein ventre dans les betteraves ». Impossible de continuer l'avancée. Les groupes qui peuvent s'extraire de cette situation le font, mais 29 ne reviennent pas, dont le colonel Millard, tous probablement fait prisonniers. Le 27e dragon a perdu 58 hommes !
Vue ouest de Courcelles-le-Comte (Google Street View). Le paysage n'a que peu changé depuis l'attaque du 27e régiment de dragon. Les champs de betteraves existent toujours ! |
L'attaque sera renouvelée à 15h30, en avançant des forces combinées de cavaliers et de cyclistes depuis l'ouest, le nord-ouest et le sud-ouest. L'artillerie fait un feu efficace sur les positions de mitrailleuses. Les allemands abandonnent Courcelles. Les cavaliers français tiennent le terrain. À 17h, le 16e RIT s'y installe.
Des postes de combat sont créés le long de la ligne de chemin de fer, et on commence à construire des retranchements. Mais l'artillerie allemande entre en action et bombarde dés le lendemain le village et ses abords. Les premiers blessés sont à déplorer.
Peut-être pire que l'artillerie pour les hommes du 16e RIT, sont le recul et les hésitations des troupes amies aux alentours. Le 30, alors qu'elle devait capturer Ervilliers, la cavalerie française doit évacuer Hamelincourt et Moyenneville : tout le flanc nord de Courcelles est maintenant en danger, et on doit étendre les postes de combat pour faire face à cet éventuel nouveau front. L'artillerie redouble d'intensité le lendemain : on distribue des munitions, les entrées du villages sont toutes barricadées hermétiquement, les feux sont interdits et on cache les cuisines. Enfin, dans l'attente angoissante d'une attaque allemande, on demande à se tenir prêt à les recevoir à la baïonnette !
Carte des mouvements allemands et des retraits français autours de Courcelles-le-Comte. Le 16e Régiment d'Infanterie Territorial est menacé sur ses deux flancs ! |
Le 2 octobre, les mauvaises nouvelles continuent : on annonce une attaque sur le flanc gauche qui doit capturer Ervillers et Saint-Léger. Non seulement l'attaque ne semble pas avoir lieu, mais ce sont les allemands qui finalement prennent l'offensive depuis Achiet-le-Grand. Le 14e RIT qui tenait la ligne sur le flanc droit, se retire face à la pression allemande. Le sud est maintenant exposé ! Les allemands commencent à engager le combat, la fusillade est vive du coté de la ligne de chemin de fer. Mais à la fin de la journée, les positions sont tenues.
Après 4 jours de bombardement, ayant vu les troupes amies reculer au nord, puis au sud, le moral devient très mauvais. On demande d'urgence à ce que le 2e bataillon, jusque là en réserve, s'avance pour renforcer les défenses. Les rapports sont sans équivoques : « Si Ervillers et Gomiécourt ne sont pas bientôt occupés par les troupes du 10e Corps, il est à craindre que les troupes de Courcelles ne puissent résister. »
Position française vers l'automne 1914. |
Au petit-matin du 3 octobre, alors que les hommes ont juste rejoint leurs positions, les allemands recommencent le bombardement. Grâce à l'arrivée du 2e bataillon en renfort, l'ensemble du 16e RIT se trouve désormais autours de Courcelles-le-Comte. À 8h, une violente fusillade éclate le long des positions françaises, sur la ligne de chemin de fer. Le 1. Garde-Regiment allemand vient de se lancer à l'assaut. Les français commencent à perdre du terrain. Le sous-lieutenant Vaillant tente une contre-attaque pour reprendre la voie ferrée, mais en vain. À 9h30, la 7e compagnie qui tenait la voie de chemin de fer directement à l'est de Courcelles doit définitivement se retirer. Voyant les allemands progresser sur leur flanc gauche, et n'étant plus couvert sur le flanc droit depuis le repli du 14 RIT du Bois de Logeast, la 5e et 6e compagnie retraitent vers les tranchés en bordure du village. Le bombardement et la fusillade est si intense qu'il devient vite impossible de quitter les positions retranchées. Les allemands arrivent aux lisières de Courcelles depuis le nord-est, l'est et le sud-est.
Au milieu du chaos, le caporal Louis Volant prend le commandement de sa section et arrive à maintenir ses hommes malgré la violence du feu ennemi : « avec le plus grand calme, [il] a tué plusieurs soldats allemands ». Mais il est impossible de tenir. L'ordre de repli est donné vers 10h30. Alors que certaines compagnies cèdent à la panique dans la retraite, certains officiers font preuve d'un admirable courage. Le lieutenant Caudron tient sa ligne jusqu'à ce qu'il reçoive l'ordre un ordre formel de son chef de bataillon. Le capitaine Wuilque se retire un des derniers de la ligne de feu. Au sud du village, les sergents Rehuhleu et Degroiselle font le coup de feu presque seuls.
Le village de Courcelles après les combats de septembre-octobre 1914. Il sera complétement détruit à la fin de la guerre. |
Le régiment se replie vers Bucquoy. Il aura perdu dans ce combat 819 hommes, tués, blessés ou disparus.
Nécropole nationale de Courcelles-le-Comte, où reposent les soldats français tués lors des combats de septembre-octobre 1914. |
Parmi les blessés, se trouve le caporal Louis Volant. Un obus lui a occasionné une plaie dans le dos. Il sera évacué. Pour son action durant le combat, il obtiendra la Croix de guerre avec étoile de bronze.
Né le 31 juillet 1877, serveur en Angleterre, il avait connu là-bas une serveuse, « Lizzie » Smith. Il a eu 4 enfants avant leur séparation et son retour en France. Son dernier né, Stanley Volant, aura notamment une fille, Anne Volant, qui se mariera elle-même à Peter Rowling en 1965.
Le 31 juillet 1965, 88 ans jour pour jour après la naissance de Louis Volant, Joanne Rowling vient au monde.
Sans le savoir à l'époque, la « mère » d'Harry Potter décidera de faire naître son héro également un 31 juillet. Harry est donc né 103 ans jour pour jour après son « arrière arrière-grand-père », héro de la Première Guerre mondiale.
Cet article a été inspiré par les recherches effectuées par les généalogistes et documentalistes de l'émission anglaise « Who do you think you are ? » d'août 2011.
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