9 janvier 1871. Au nord de Duneau, près du Mans, les hommes du 3e bataillon de l'Aude se réveillent après une nuit peu reposante. La campagne environnante est recouverte d'une couche de neige, le vent glacé rend le froid mordant. Les hommes s'entassent dans les bâtiments des fermes environnantes près de la grande route qui mène à Connerré. Les allemands sont tout près. Le combat va bientôt s'engager.
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Comme tout les autres combats du 9 janvier 1871, celui de Duneau va se dérouler dans le froid mordant et la neige. |
Le 3e bataillon de l'Aude, à l'origine 1,400 hommes originaires des environs de Limoux et Carcassonne, vient de passer des derniers mois éprouvants. Arrivés en novembre dans l'ouest, ils combattent pour la première fois au combat de Morée entre le 14 et 16 décembre. De retour en Sarthe vers le fin du mois de décembre, ils campent dans le froid, l'humidité, manquant de paille pour les couchages. Le nombre de malades augmente.
Le 7 janvier, les hommes du 3e bataillon prennent le train à Connerré avec leurs camarades du 94e régiment de marche. Direction Nogent-le-Rotrou. Il s'agit de rejoindre la colonne du général Rousseau, lancée depuis 23 décembre vers cette ville pour harceler l'ennemi et ne pas abandonner l'offensive. Le 6 janvier, la colonne est engagée par des forces allemandes bien supérieure à La Fourche. Elle a besoin de renforts.
Les forces allemandes en face, c'est le XIII. Corps du Grand-Duc de Mecklenbourg-Schwerin. Partis de Chartres le 5 janvier où ils ont pu bien se reposer et reprendre leurs forces, les hommes du XIII. Corps n'ont pas pour objectif de stopper la colonne du général Rousseau, mais bien de se diriger sur Le Mans, dans un mouvement plus vaste, coordonné avec les autres corps d'armées qui avancent depuis le sud.
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L'usine Abadie, au Theil, qui abrite les hommes du 3e bataillon de l'Aude dans la nuit du 7 au 8 janvier. |
Les mobiles de l'Aude voient défiler les paysages gelés des bords de l'Huisne. Mais alors que le train se rapproche de Nogent, les hommes aperçoivent des soldats français marchant en sens inverse. Des fuyards ! Leur nombre grossi à mesure qu'on se rapproche de l'arrivée. Les cheminots décident d'arrêter le train à la station du Theil. Ils ont bien fait. Nogent est occupé depuis la veille. La colonne du général Rousseau est battue et en pleine retraite. Le bataillon de l'Aude est logé dans la grande papeterie du Theil. Le général Rousseau arrive sur place avec son état-major, et ordonne une retraite immédiate vers Connerré. Le 8, à 1h du matin, les hommes se dirigent vers La Ferté-Bernard, puis vers les hauteurs de Connerré. Le 3e bataillon de l'Aude arrive à Duneau à 16h, après une marche de 15 heures ! Au même moment, les allemands sont entrés à La Ferté, sans résistance. Les français ont la soirée pour se positionner : de nombreuses fermes, entre la sortie de Sceaux et la ville de Connerré sont mises en défense. La neige commence à tomber. La nuit va être glaciale.
Tôt le matin du 9 janvier, le XIII. Corps quitte La Ferté-Bernard et ses positions, avec pour objectif Connerré. Ce sont les brêmois du 2e bataillon du 75e régiment (2/75) qui ouvrent la marche. Le village de Sceaux est pris sans combat. Le bataillon s'avance le long de la grande route à la sortie du village. Arrivé au hameau de Migueloup vers 11h, les premiers tirs retentissent. Les français sont là !
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Mouvements allemands et français. Les avant-postes français au nord de Duneau sont pris les uns après les autres, mais une contre-attaque française oblige les allemands à stopper leur avance. |
Les tirs proviennent du château des Roches, au nord de la grande route. Le lieutenant-colonel Wilhelm von der Osten, commandant le régiment, se doute qu'au sud, des français se tiennent également près. Il ordonne à la 8e compagnie du 2/75 de se diriger vers La Vigne. Les français renforcent alors immédiatement les fermes du Poirier et de Courtimboeuf. Apercevant ces mouvements, von der Osten sait maintenant où se trouve l'ennemi. Il ordonne à la 5e compagnie de prendre le château des Roches, et à la 6e et 8e de s'emparer des fermes au sud.
Les combats s'engagent alors. Tandis que la 5e compagnie parvient à s'emparer des Roches, malgré la perte de deux sous-lieutenants, les 6e et 8e compagnies se battent à Courtimboeuf et au Poirier. Von der Osten est lui-même blessé dans l'attaque, mais les français sont obligés de reculer, les allemands sur les talons.
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Soldat du 76e régiment d'infanterie de Hambourg. |
Les français, poursuivis, n'ont pas le temps de fortifier la ferme de la Croix de Fer, et continuent leur retraite vers Le Grouas. Alors que von der Osten réorganise ses compagnies et ordonne à la 6e et 7e compagnies de se diriger vers Le Grouas, les français contre-attaquent. Les hommes du 58e de marche chargent l'ennemi, qui doit se réfugier dans les fermes de la Croix de Fer et de Merdereau. Les français ne pourront pas les en déloger et doivent se retirer après une intense fusillade. Pendant ce temps, des tirs se font entendre également depuis le sud-est: le
combat de Thorigné bat son plein !
Le 76e régiment de Hambourg, avec son 1er et 2e bataillon (1/76 et 2/76) arrive pour couvrir le flanc de leurs camarades du 2/75. Au même moment, les mecklembourgeois du 2e bataillon du 90e régiment (2/90) du détachement von Legat, se joigne au mouvement. L'avance peut reprendre. Vers 15h30, les allemands ont pris Le Grouas et ont repoussé les français au-delà du Coudray, ils s'avancent vers Duneau, près de l'Auberge du Poisson Doré. Une seconde contre-attaque française, lancée par le lieutenant-colonel Roux, le commandant Lombard du 13e chasseur à pied, et le chef d'escadron Dubuquoy du 6e dragon, entraîne les troupes environnantes etobligent l'ennemi à reculer sur Le Coudray.
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Une seconde contre-attaque française permet de stopper les allemands aux portes de Duneau, mais ceux-ci reçoivent de plus en plus de renforts. |
La nuit tombe, la fusillade perd en intensité.
Du coté allemands, on se réorganise et on ratisse les environs. A la ferme des Landes, 96 hommes du 58e de marche sont capturés. Des compagnies entières du bataillon de l'Aude subissent le même sort en tentant de rejoindre leurs lignes. Le 2/90 tombe par hasard sur une colonne française qui se retirait, près du Coudray. Un court mais violent combat permet aux mecklembourgeois de capturer plus de 200 hommes. Le 1/75 est replié sur Vouvray. Il s'est battu non-stop dans des conditions météo désastreuses, les hommes sont épuisés, les fusils sont en mauvais état, et les munitions commençait à manquer.
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Le carrefour de l'Auberge du Poisson Doré, où les français contre-attaque une seconde fois. |
Coté français, on fini par abandonner Duneau. Vers 19h, c'est la retraite vers Connerré. Les prussiens en profite pour avancer prudemment. Duneau est capturé vers 22h, y compris une ambulance de fortune qui suivait les mobiles de l'Aude. Les prussiens poussent vers Connerré, mais sont arrêtés vers les fermes du Point du Jour et de La Belle Etoile. Duneau est barricadé.
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Mairie de Duneau. Une ambulance de fortune des mobiles de l'Aude y sera fait prisonnière, tout en s'occupant d'une centaine de soldats blessés dans des conditions difficiles. |
Alors que les allemands, depuis les hauteurs de Duneau, aperçoivent les feux des bivouacs français dans et autours de Connerré, le général Rousseau décide d'abandonner la ville : non seulement les allemands tiennent les hauteurs au nord, mais ils tiennent désormais à l'est Thorigné,
capturé dans la journée. Au sud, ils se sont également
emparés d'Ardenay et ses environs. La retraite vers Pont-de-Gennes est décidé. Les premières troupes ennemies entreront dans Connerré désertée dans la nuit.
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Situation au nord de Connerré dans la nuit du 9 au 10 janvier. Les français évacuent la ville. |
Rousseau estime avoir perdu pour cette seule journée du 9 janvier, près de 900 hommes, majoritairement des prisonniers. Le 3e bataillon de l'Aude estime avoir perdu 20 tués et une centaine de blessés, en plus de 300 prisonniers. Pour eux, les accrochages vont se poursuivre avec les allemands pendant plusieurs jours. Sur les 1,400 hommes au départ de l'Aude, il en restera 500 fin janvier. Côté allemands, les combats du 9 janvier autour de Duneau feront une cinquantaine de tués et blessés : 12 hommes pour les 1/76 et 2/76, 24 hommes pour le 2/75, 13 hommes pour le 2/90.
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